Philippe BOULANGER, Perrin, Paris, 2020, 362 p.
Recension parue dans Défense & Sécurité Internationale n°148, juillet-août 2020.
Les ouvrages traitant de géographie militaire sont peu nombreux au regard de l’importance du domaine : toute action ne peut prendre place que dans les espaces et leur connaissance est évidemment essentielle. Déjà auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, Philippe Boulanger prend ici le parti d’un ouvrage total. Il s’agit évidemment de revenir sur les relations entre pensée militaire et géographie ou encore sur le développement de la géographie militaire per se et celui des dispositifs nationaux, en montrant, au passage, à quel point elle influe sur les matériels eux-mêmes. Il s’agit également d’établir l’articulation entre géotactique, géo-opérationnel et géostratégie, en montrant par ailleurs que les transformations du terrain, mais aussi du rapport à la distance (et donc au temps) importent, tout en retraçant historiquement à chaque fois ces notions. Le quatrième chapitre est consacré au milieu naturel et aux opérations militaires et le cinquième, à l’environnement humain : si on l’oublie fréquemment, la géographie n’est pas que physique. La dimension sociale est d’autant plus essentielle dans un contexte d’opérations contre-irrégulières et en zone urbaine. Les deux chapitres suivants, consacrés au renseignement géospatial et à la révolution de la géographie numérique, sont sans doute les plus stimulants : l’auteur a été pionnier sur ces domaines et aborder ces questions sur près de 100 pages permet d’ouvrir des perspectives. Il montre également toute l’actualité de la géographie, mais aussi la modification du rapport à l’espace qu’impliquent de nouveaux outils technologiques qui permettent de concrétiser les espérances portées par la guerre réseaucentrée et autre numérisation de l’espace de bataille. In fine, l’ouvrage de Philippe Boulanger est un bon état de l’art, bien écrit, appuyé sur une solide bibliographie, mais pas uniquement. Il parvient ainsi à « ouvrir » son sujet pour faire la démonstration que la géographie est un savoir militaire en soi et qui plus est, essentiel. P. L.
