Alors que sonne l’heure de la rentrée et qu’aurait dû avoir lieu la traditionnelle Université d’été de la défense – annulée pour cause de COVID-19 (1) –, peut-être est-il temps de dresser un bilan des forces armées et de faire preuve d’un optimisme raisonnable. Les effets délétères des Livres blancs de 2008 et 2013 ont pour partie été compensés par une politique plutôt volontariste. Nombre de déficits capacitaires ont été réduits, voire comblés, durant la décennie. Cette dernière aura également été marquée par un engagement particulièrement intensif des forces. Et pourtant, même si une opération comme « Barkhane » suscite des interrogations (voir notamment « La question qui fait débat » de même que les articles de Laurent Touchard dans ce numéro), le bilan opérationnel est largement positif. Mieux que cela, les armées françaises ont gagné une expérience considérable. Leur réactivité est exemplaire : pour les exemples les plus récents, il n’a fallu que quelques heures pour s’engager dans des opérations comme « Amitié », en soutien au Liban frappé par l’explosion de Beyrouth, ou encore porter assistance aux Seychelles, touchées par une marée noire. La reconfiguration du dispositif en Méditerranée orientale, en soutien à la Grèce face à la Turquie, n’aura guère pris plus de temps.
De plus, les forces armées françaises entrent dans un nouveau cycle capacitaire qui portera jusqu’en 2070-2080. SCAF, MGCS, porte-avions de nouvelle génération, nouveaux systèmes liés de dissuasion et développement du secteur spatial faisant, tout concours à ce que la France reste une « puissance moyenne de premier rang » dans les années à venir. Évidemment, tout n’est pas rose dans ce bilan. Des déficits de disponibilité matérielle existent ; le recrutement et la fidélisation sont des batailles éternelles ; la situation au Sahel est complexe ; la question du respect intégral de la loi de programmation militaire se pose ; les relations avec les partenaires européens sont parfois compliquées ; et des myriades de problèmes sont susceptibles d’apparaître dans nombre de programmes, d’autant plus que l’industrie a été sérieusement bousculée par la crise de la COVID-19. Pour autant – et pour une fois –, il nous paraît nécessaire d’être optimistes : dans un système international mouvant, être défaitiste ne peut pas être une option.
Vers le sommaire et l’achat/consultation en ligne de DSI n°149.
Joseph Henrotin
(1) Vous pouvez retrouver le traditionnel DSI hors série « spécial France » (no 73) en kiosque, avec notamment des interviews de la ministre des Armées et du CEMA.