En ce qui concerne le développement durable, cette initiative remonte à une demande du directeur général en 2015, portant sur la manière dont les satellites pourraient contribuer au développement durable. J’ai rapidement lié nos activités aux objectifs de développement durable (ODD) fixés quelques mois plus tard et à atteindre en 2030, bien que ce ne fût pas une tâche aisée d’intégrer des initiatives terrestres au domaine spatial.
J’avais suggéré la création d’une Charte pour le développement durable, mais malheureusement, les États membres n’ont pas soutenu cette idée. Cependant, ils ont demandé un catalogue (4) des initiatives existantes en matière de développement durable, qui a été publié en mars 2018. À ma connaissance, il s’agissait du seul catalogue mondial recensant les activités financées par l’ESA ou cofinancées, pouvant contribuer à l’un des dix-sept objectifs de développement durable. L’UNOOSA a confirmé qu’il s’agissait du seul catalogue disponible, et continue de collaborer avec nous sur ce sujet. L’ESA a créé ce catalogue, et les activités des agences britanniques, autrichiennes et canadiennes y sont maintenant également présentées. Je ne m’en occupe plus, mais le catalogue comprend maintenant près de 1000 exemples, allant des petites applications aux projets existants et aux pistes de réflexion.
Quels sont les autres projets transversaux soutenez-vous actuellement ?
Actuellement, je travaille sur la gestion des crises, une initiative lancée en 2021 suite à la demande du directeur général de réfléchir aux défis majeurs auxquels le spatial pourrait apporter des solutions. Trois domaines ont été identifiés : le changement climatique et la décarbonation, la gestion des crises et la protection des infrastructures spatiales. Mon implication se concentre sur la gestion des crises, où nous explorons des solutions innovantes pour améliorer en particulier la réponse aux catastrophes naturelles.
L’objectif est d’identifier les besoins sur le terrain et de déterminer comment l’ESA et ses partenaires pourraient développer et mettre en réseau des solutions spatiales adaptées. Par exemple, nous envisageons de fournir aux acteurs sur le terrain des informations en temps réel, telles que des images satellite pour suivre l’avancement des feux de forêt ou des systèmes de télécommunication sécurisés.
Pour la prospection de ces projets, nous discutons principalement avec des organisations internationales telles que la Croix-Rouge et l’Organisation météorologique mondiale. Par exemple, nous prévoyons de participer au projet « Early Warning for All » (5), qui vise à envoyer des alertes à neuf milliards d’habitants dès qu’un événement survient dans leur région. Nous avons également un programme appelé « Civil Security from Space » (6) (CSS), qui a été validé en novembre 2022 et qui implique une collaboration étroite avec l’industrie pour développer des solutions innovantes en matière de gestion de crise, si l’État membre dont il ressort et l’ESA sont d’accord, le programme sera co-financé.
Observez-vous une émergence de start-ups dans ce domaine ?
Effectivement, nous constatons une diversité d’acteurs, qui peuvent être des start-ups ou des entreprises établies. Notre approche est principalement basée sur l’initiative industrielle, en fonction des besoins exprimés. Nous encourageons les entreprises à intégrer des utilisateurs locaux dans leurs projets, ce qui les aide à identifier les besoins spécifiques et à valider leurs solutions. Nous ne contactons pas tous les utilisateurs locaux directement, mais nous nous appuyons sur les rencontres lors d’événements professionnels.
Nous lançons également des appels à l’industrie pour identifier les solutions potentielles. Certaines entreprises proposent des solutions existantes qui répondent déjà à certains besoins des utilisateurs, tandis que d’autres développent des solutions partielles qui pourraient contribuer à un système plus large. Unseenlabs, par exemple, développe des technologies de surveillance maritime des activités illicites en utilisant les signaux de radiofréquence émis par les navires, même si leur AIS est désactivé. Cette technologie pourrait également être appliquée à la surveillance terrestre. Notre objectif est de rassembler ces différentes briques pour améliorer la réponse aux besoins des utilisateurs, tout en offrant de nouvelles opportunités aux entreprises.
Est-ce vous qui définissez les besoins des utilisateurs, ou les entreprises exposent-elles leurs projets ?
Ce sont les entreprises qui exposent leurs projets, en lien avec des utilisateurs. Nous consultons également les organismes internationaux pour comprendre leurs besoins. Notre objectif est d’améliorer la réactivité des services proposés, en passant d’une analyse statique (Ppar exemple, pour la gestion des crises, nous travaillons en étroite collaboration aveccelui de la Charte « Espace et Catastrophes Majeures » (7), qui fournit gratuitement des images satellites lors de crises.) à une réponse en temps réel. Nous cherchons à réduire le délai entre la capture des images et leur utilisation par les gestionnaires de crise, afin d’améliorer l’efficacité des interventions sur le terrain.