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Décourager, défendre, défaire. Vers une nouvelle vision pour l’armée de l’Air et de l’Espace

Cette ambition repose sur une armée de l’Air et de l’Espace moderne et polyvalente, agile et connectée, servie par des aviateurs passionnés, dynamiques et unis. Pour demeurer au rendez-vous des opérations et toujours conserver un temps d’avance sur nos compétiteurs et nos adversaires, j’ai trois priorités.

D’abord, accélérer la modernisation de l’Armée de l’Air et de l’Espace, pour faire face aux combats de demain. En effet, la modernisation et la polyvalence des moyens de l’armée de l’Air ont permis, en partie, de compenser la contraction des formats des dernières décennies. C’est cette polyvalence, aussi bien des capacités que des personnels, qui permet aujourd’hui à l’armée de l’Air et de l’Espace d’agir, de la compétition jusqu’à l’affrontement. Nous devons impérativement poursuivre la modernisation de nos moyens pour faire face aux défis qui se posent : pour autant, au-delà de la qualité, qui est indispensable, la quantité compte également !

Dans ce cadre, une attention particulière doit être portée sur le format et la modernisation de l’aviation de chasse et des avions ravitailleurs, indispensables pour « gagner en résilience » et l’emporter en cas d’affrontement. Les capacités de combat collaboratif constitueront la brique essentielle de notre système de combat aérien, au service d’un système de commandement et de conduite (C2) des opérations toujours plus agile et toujours plus intégré, selon une approche multimilieux et multichamps dans laquelle l’armée de l’Air et de l’Espace s’inscrit résolument. De l’interopérabilité de nos moyens dépend notre aptitude à conserver la supériorité aérienne, prérequis indispensable aux opérations militaires face aux menaces actuelles et futures.

J’identifie ensuite un point de vigilance en matière de défense sol-air, qui doit d’abord nous permettre de couvrir les menaces actuelles, des minidrones aux missiles balistiques de courte portée, et ensuite de nous préparer à faire face aux menaces futures. Dans le domaine spatial, au-delà de l’indispensable modernisation de nos capacités, il faut poursuivre l’effort pour mieux connaître la situation spatiale d’intérêt défense, et la partager avec les autres systèmes de commandement et de contrôle. Il faudra aussi se doter des capacités opérationnelles d’agir dans l’espace, et saisir les nouvelles opportunités offertes par les technologies de rupture déjà accessibles.

Ma deuxième priorité, c’est de construire une armée de l’Air et de l’Espace à l’aise dans un environnement ultraconnecté, et engagée dans une démarche durable. En effet, nous évoluons dans un contexte où les interactions entre acteurs sont croissantes. Dans ce cadre, l’armée de l’Air et de l’Espace peut s’appuyer sur son ouverture et sa force intégratrice pour démultiplier les effets produits. Sur le territoire national, elle offre une panoplie de moyens et une capacité à intégrer les moyens de l’État dans le domaine aéro-spatial qui sont essentielles à l’efficacité de l’action de l’État dans l’air.

Depuis juin dernier, grâce au Centre air de planification et de conduite des opérations (CAPCO), situé à Lyon-Mont Verdun, notre pays dispose d’une capacité de commandement des opérations aériennes à distance en temps réel. J’ai évoqué précédemment la mission de projection « Heifara » : utilisé pour la première fois à cette occasion, le CAPCO nous a permis de réaliser, à l’autre bout du monde, une projection et une frappe fictive, suivies moins de 24 heures plus tard de missions de combat. C’est une capacité unique, qui va continuer de structurer notre système de commandement et de conduite des opérations, en intégrant le cyber et l’espace en particulier ! L’objectif est de contribuer avec toute la réactivité et la puissance de l’armée de l’Air et de l’Espace aux engagements opérationnels de nos armées.

Un autre enjeu majeur sera d’adapter notre organisation et nos processus à la digitalisation et à la place croissante de la donnée. Les attendus sont multiples, et le recours à l’intelligence artificielle nous permet d’être plus efficaces, plus réactifs, et donc plus décisifs. Enfin, s’intégrer dans un environnement connecté, c’est aussi s’engager dans une démarche de promotion du développement durable. C’est un enjeu essentiel pour notre société : l’armée de l’Air et de l’Espace y prend pleinement sa part, que ce soit en matière énergétique, environnementale, ou dans le domaine social !

Ma troisième et dernière priorité, ce sont les aviateurs. En effet, les réalisations dont nous venons de parler ne sont possibles que grâce à l’action des femmes et des hommes de l’armée de l’Air et de l’Espace, qui doivent faire preuve d’agilité pour répondre aux nouveaux enjeux. Il est donc indispensable de leur donner les moyens de remplir leurs missions, à la hauteur de l’exigence que j’ai envers eux. Pour cela, je veux veiller à conserver l’engagement des pionniers, qui demeure une source d’inspiration. Nous devons cultiver l’audace, la passion, l’agilité intellectuelle, l’esprit d’initiative et la capacité d’adaptation qui caractérisent l’armée de l’Air et de l’Espace : de Roland Garros qui invente le tir à travers l’hélice au commando du CPA 10 qui réalise le dispositif de saut sous oxygène pour les chiens de combat.

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