Magazine DSI HS

La brigade des forces spéciales air

Des capacités très affûtées

La BFSA travaille au profit du COS, mais aussi au profit du CDAOA (Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes) et du CPCO (Centre de planification et de conduite des opérations). Le CPA 10 (et dans un sens plus large, l’ensemble de la BFSA) joue un rôle charnière dans l’air-surface integration. Il s’agit d’être l’interface entre les forces aériennes et les moyens terrestres. Les autres capacités du CPA 10 concernent le contre-terrorisme et la libération d’otages, un domaine d’excellence de l’unité dans lequel ses équipes CTLO (contre-­terrorisme libération d’otages) sont réputées. Ces dernières se sont illustrées tant pour résoudre des situations de crise avec prise d’otages que pour capturer ou neutraliser des cibles de haute valeur. Il est également chargé de la mission RESAL (Recherche et sauvetage aérolargué), une variante de la RESCO sans moyens héliportés et basée sur l’infiltration en parachute, qui fut armée en 2002 dans le cadre de l’opération « Enduring Freedom ». Dans le même ordre d’idée, il peut aussi assurer des évacuations de ressortissants (RESEVAC). D’autres missions telles que la RESEDA (Reprise et sécurisation d’aérodromes) et l’ODESAA (Observation et destruction de site par l’arme aérienne) font également partie des spécialités du CPA 10.

Lors de sa période en tant qu’unité conventionnelle, le CPA 20 a été le point d’entrée de la mission de force protection par capillarité avec le RAF Regiment, son homologue britannique aux côtés duquel il a servi en Afghanistan. Cette expérience a débouché sur les missions PATEX (Patrouille extérieure) puis PATMOT (Patrouille motorisée), qui visent à surveiller et à fouiller une large zone extérieure à la base aérienne à protéger, allant au-devant de la menace. Le CPA 20 détient ainsi une expertise en fouille opérationnelle, notamment au sein de ses équipes cynophiles, capables de détecter des explosifs grâce à leurs chiens renifleurs. D’autres domaines d’expertise du CPA 20 concernant les missions MASA (Mesures actives de sûreté aérienne, avec un tireur d’élite positionné sur un hélicoptère Fennec capable d’intercepter un intrus), RTPA (Reconnaissance de terrain avant poser d’assaut, nécessaire pour marquer un terrain de fortune avant l’arrivée de gros porteurs), Personal recovery (la récupération de personnels non formés à la RESCO) et Mousquetaire (sécurisation de l’avion présidentiel avant embarquement, là aussi à l’aide de chiens renifleurs d’explosifs).

Le CPA 30 a intégré les FSA en 2019 et constitue l’unité leader sur la RESCO/RESAL et le guidage des feux aériens grâce à ses équipes TACP (Tactical air control party). Tout comme le CPA 20, il maîtrise la recherche et la détection d’explosifs par ses équipes cynophiles. Il détient également des capacités en recueil du renseignement et en appui-­feu aérien par tireur embarqué sur hélicoptère. Depuis son entrée récente dans les FSA, le CPA 30 est en phase de montée en puissance pour accroître ses capacités d’air-surface integration. Une fois sa pleine capacité atteinte, il aura un rôle d’appui et de soutien au profit des opérations spéciales.

Tous les CPA détiennent les savoir-­faire nécessaires à la conduite des opérations spéciales, à savoir le saut à grande ou très grande hauteur, avec des chuteurs brevetés en nombre plus ou moins élevé, mais toujours présents. Il en va de même pour les moyens d’insertion/extraction 3D (héliportage, corde lisse, grappe, rappel). L’EH 1/67 Pyrénées apporte une capacité de transport tactique dans la profondeur grâce à la possibilité de ravitaillement en vol de ses Caracal, ce qui évite de mettre en place des plots de ravitaillement au sol. Ses équipages sont entraînés au vol de nuit sous jumelles de vision nocturne, à basse altitude, et aux opérations d’infiltration et de récupération de commandos. L’ET 3/61 Poitou offre des capacités de transport tactique et stratégique avec ses appareils à voilure fixe permettant l’aérolargage ou le poser d’assaut d’une force importante avec ses véhicules, sur des terrains sommaires et avec des profils de vol en infiltration/exfiltration adaptés aux opérations spéciales. Ses équipages sont eux aussi formés au vol de nuit sous jumelles de vision nocturne.

Défis d’aujourd’hui et de demain

Les challenges à venir auxquels devra répondre la BFSA sont principalement liés à ceux du COS, bien que la brigade ait elle-­même des défis internes à relever, par exemple la situation de sous-­effectif chronique du CPA 10. Des opérateurs extrêmement qualifiés, détenant une expérience opérationnelle, sont difficiles à remplacer lorsqu’ils quittent l’unité. Les matériels représentent également un sujet d’importance, tant l’arme aérienne est une arme technologique. À des niveaux très divers, il s’agit d’investir pour maintenir un niveau capacitaire équivalent à celui de nos alliés : certains domaines variés, tels que les transmissions, les logiciels ou l’optronique enregistrent des progrès constants, qu’il faut pouvoir suivre en renouvelant régulièrement les équipements sous peine de connaître un déficit et de perdre une partie de notre interopérabilité, notamment avec les Américains.

Certains matériels à plus grande échelle, comme les hélicoptères lourds, manquent à l’inventaire et nous privent de certaines capacités ou facilités. En attendant qu’une solution soit trouvée et adoptée, l’un des défis concernant la BFSA est de poursuivre la modernisation de la flotte de C‑130H, tout en procédant au retrait du service du C‑160 Transall et à l’arrivée de l’A400M. La mobilité terrestre, en particulier pour les CPA, est également l’objet de programmes de renouvellement, à travers les VLFS et PLFS, actuellement retardés. La question des drones apparaît comme un autre enjeu capacitaire : le CPA 10 a développé en interne son minidrone Corvus en 2018, et le COS a identifié différents besoins en matière de drones MAME (Moyenne altitude, moyenne endurance) armés, de munitions téléopérées ou de drones en essaims. Les commandos de la BFSA auront alors d’autres options technologiques pour mener à bien leurs missions et s’adapter aux opérations spéciales de demain.

Légende de la photo en première page : Récupération en grappe de membres d’un CPA au cours d’un exercice. (© Anthony Jeuland/Armée de l’Air et de l’Espace/Défense)

Article paru dans la revue DSI hors-série n°82, « Armée de l’Air et de l’Espace : les ailes françaises volent vers 2030  », Février-Mars 2022.
0
Votre panier