On parle souvent de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) comme du rempart assurant la défense des pays européens. Pourtant, cette organisation a peu de moyens par elle-même. Cette situation paradoxale conduit à s’interroger sur la réalité de l’OTAN du point de vue de la théorie des alliances. Est-elle véritablement l’acteur apportant des moyens de défense à l’Europe ? Quel est son rôle effectif et quels sont ses moyens propres ?
L’OTAN, combien de divisions ? pourrions-nous nous demander en paraphrasant Staline. Paradoxalement, l’organisation elle-même n’en a pas. Nous pourrions même dire qu’en réalité, la cité du Vatican a une plus grande force armée grâce à ses 135 soldats de la Garde suisse pontificale. En effet, les capacités militaires de l’Alliance atlantique ne sont pas situées au sein de l’OTAN, mais dans les armées nationales de ses pays membres, qui peuvent les mettre à sa disposition en tant que de besoin.

Cela explique pourquoi l’analyse des dépenses militaires au sein de l’Alliance atlantique montre que le budget propre de l’OTAN est tellement insignifiant qu’il n’est même pas visible à l’œil nu quand il est mis en parallèle sur un graphique avec les dépenses des États-Unis et des autres pays membres de l’Alliance atlantique.
Pourtant, l’OTAN est sur toutes les lèvres comme l’acteur clé de la défense en Europe, et plus encore depuis l’invasion russe en Ukraine. Les pays membres de l’Alliance, en particulier dans l’est de l’Europe, voient en l’OTAN un rempart contre la menace russe. Toutefois, les raccourcis conduisent souvent à des contresens. C’est le cas concernant l’OTAN, qui est souvent confondue avec l’Alliance atlantique dont elle est uniquement l’outil de coordination et non… le bras armé, étonnamment !

Cela ne veut pas dire que l’OTAN n’a pas de valeur militaire. Il faut simplement bien identifier ce à quoi sert cette organisation. L’Alliance atlantique vise à assurer la sécurité collective de ses membres. Ces derniers se sont engagés à réaliser le niveau d’effort militaire adéquat pour tenir cet engagement auprès de leurs alliés. Toutefois, les deux guerres mondiales ont montré que la sécurité collective ne pouvait pas se résumer à la somme des efforts nationaux des différents alliés. Pour rendre l’action collective efficace, il est nécessaire de coordonner ces efforts bien en amont. C’est tout le sens de l’OTAN : mettre en place un état-major interallié permanent afin d’assurer la coordination des efforts nationaux et la gestion des opérations militaires collectives en cas de besoin.