Les semi-conducteurs au prisme de la révolution industrielle
Alors que la réflexion sur les semi-conducteurs était, il y a encore deux ans, cantonnée aux acteurs directs du secteur électronique, la pénurie a propulsé ces enjeux sur le devant de la scène technologique mondiale. Alors que TSMC était encore largement inconnue du grand public et de la sphère politique internationale avant la pandémie, les semi-conducteurs se retrouvent même désormais au cœur des débats géostratégiques sur une éventuelle invasion chinoise de Taïwan. Le poids des semi-conducteurs est encore amené à croître, de façon exponentielle, avec l’extension du rôle de l’électronique et de l’intelligence artificielle en particulier. Toutes les innovations industrielles qui se déploient sous nos yeux s’avèrent être ultra-dépendantes de l’électronique, notamment dans l’automobile. Les déséquilibres mondiaux qui se manifestent dans ce secteur sont liés aux divergences industrielles des quatre dernières décennies, certaines zones de puissance comme l’Europe ayant délaissé la production ainsi que la conception dans le secteur électronique, lorsque les États-Unis se maintenaient encore largement dans la conception. Le volontarisme politique qui s’affiche désormais constitue un développement positif, dans le sens où il s’agit d’une condition nécessaire au développement et au rattrapage dans ce secteur ultra-intensif en capital. Ce volontarisme ciblé n’est cependant pas suffisant, alors que la production s’avère très fortement liée à la conception, d’autant plus lorsque chacun cherche à garantir son approvisionnement au niveau national par une production localisée. Une stratégie dépassant les mesures de soutien à la production reste nécessaire pour redéployer l’ensemble de la chaîne de valeur électronique, en Europe en particulier, et réintégrer conception et production à une échelle géographique raisonnable.
Légende de la photo en première page : Face à la pénurie de puces, les grandes puissances ont annoncé de nombreux investissements dans le secteur des semi-conducteurs. Alors que l’Europe souhaite réduire sa dépendance à l’Asie et a annoncé un plan de 43 milliards d’euros avec l’objectif de représenter 20 % de la production mondiale d’ici 2030, Washington a annoncé une enveloppe d’environ 52 milliards de dollars, et la Corée du Sud un plan de 450 milliards de dollars. (© Shutterstock)
