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Quel remplaçant pour le TOW ?

Si le FGM‑148 Javelin a reçu une importante publicité du fait de son engagement en Ukraine, l’US Army dispose également d’un système plus lourd et de plus longue portée, le BGM‑71 TOW (Tube-launched, optically tracked, wire-guided). Filoguidé, l’engin a une portée maximale de 3 700 m et équipe aussi bien les M‑2/3 Bradley et les M‑1134 Stryker que des Humvees. Mais l’heure de son remplacement a sonné.

Le TOW a bien évolué. Développé à partir de 1963, il entre en service en 1970, remplaçant des canons sans recul, mais aussi les missiles Entac jusque-là utilisés par l’Army. Au fur et à mesure de ses évolutions, il gagne en poids – le missile seul dépasse à présent les 23 kg –, mais aussi en capacités. L’Improved TOW (BGM‑71C) a une capacité de pénétration accrue par le déploiement d’une sonde permettant de faire détoner les blindages réactifs, ouvrant la voie à la charge principale. À partir du BGM‑71D, le missile est qualifié de TOW 2, sa charge s’accroissant ; arrive ensuite le BGM‑71E, s’articulant autour d’une double charge en tandem. Le BGM‑71F est la dernière version antichar, qui offre une capacité d’attaque par le toit avec un pénétrateur préformé (1).

Largement exporté et massivement utilisé en opération, le missile ne manque pas de qualités, mais a également les défauts d’une conception précoce. Comme le MILAN, il faut ainsi que la liaison avec l’objectif soit maintenue et la course corrigée face à une cible en mouvement, ce qui implique de rester statique, donc vulnérable. L’usage du filoguidage est en soi une limite, que ce soit dans des environnements où le câble peut être rompu (forêts, zones urbaines) ou du fait de l’eau de mer. Il ne peut, cependant, être brouillé. Le missile est lui-­même relativement lent : à portée maximale, il faut 21 secondes pour qu’il frappe son objectif, posant là aussi un problème de sécurité du lanceur. Par ailleurs, ses capacités de pénétration semblent également avoir été surévaluées. Toutes ces limitations ont rapidement été comprises, de sorte que, dès les années 1980, il est question de lui trouver un remplaçant. Un TOW 2N supersonique de plus de 9 000 m de portée est ainsi évoqué, mais n’est pas développé.

Le programme Advanced anti-­tank weapon system – heavy (AAWS‑H) débouche ainsi sur la conception du missile LOSAT (Line of sight, anti-­tank), dont le démonstrateur est tiré dès 1990. L’option retenue diffère radicalement du TOW : un engin d’une portée de 8 000 m, extrêmement rapide (924 km/h, 154 m/s.) et qui détruirait ses cibles par énergie cinétique. L’acquisition de cible aurait utilisé un FLIR, la transmission de données pour le pilotage du missile se faisant par laser. Le système permettait à un véhicule lanceur d’engager simultanément deux cibles. Corollaire de ces évolutions, le missile atteignait une masse de 80 kg pour une longueur de 2,85 m. S’il devait pouvoir être tiré depuis des Bradley ou le défunt M‑8, il a également été adapté au Humvee, surmonté d’un lanceur caréné sur pratiquement toute la longueur du véhicule. Le programme a cependant été abandonné à la fin des années 1990 après que plus de 400 missiles eurent été livrés à des fins d’essais. Un autre système, le CKEM (Compact kinetic energy missile), plus compact, a également été envisagé au début des années 2000, mais a également été annulé.

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