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Drones tactiques : le triomphe du Bayraktar

Si l’industrie de défense turque est particulièrement dynamique, c’est encore plus vrai dans le domaine des drones, avec une prolifération de systèmes de tous types, du nanodrone jusqu’au drone de transport lourd, en passant par les drones de combat. En la matière, si l’Anka a eu un certain succès, la vedette indéniable de l’industrie est incontestablement le Bayraktar TB2.

L’appareil avait déjà suscité un vif intérêt de la part des observateurs au terme de l’opération « Bouclier du printemps » menée par la Turquie en Syrie au printemps 2020 puis de la guerre dans le Haut – Karabagh à l’automne de la même année. On avait alors observé un système peu vulnérable au brouillage et capable de frapper avec précision dans des logiques doctrinales en rupture avec ce qui avait été constaté avec d’autres drones armés. Plutôt que de contre – guérilla impliquant des frappes ponctuelles en exploitant l’endurance des appareils, il était question cette fois d’interdiction du champ de bataille ou d’éclairage au profit du ciblage de munitions rôdeuses. Ce fut également le cas en Ukraine, assez rapidement dans le conflit, en conjonction avec des missions de pointage d’artillerie – qui se sont, là aussi, révélées dévastatrices pour les forces russes. Mais de quoi parle‑t‑on ?

Un drone tactique

Le Bayraktar TB2 est un drone tactique conçu par Baykar, une firme spécialisée dans la mécanique qui s’engage d’abord sur les microdrones. C’est Selçuk Bayraktar, fils du fondateur de l’entreprise, qui parvient à convaincre les forces turques de soutenir celle-ci. Ancien du MIT américain, il se mariera ensuite avec la fille cadette du président turc, garantissant un soutien politique de long terme. Le développement du TB2, premier grand drone produit par Baykar, débute en 2012 après la mise au point à partir de 2007 et un premier vol en 2009 du démonstrateur TB1. Les six premiers exemplaires sont livrés à la Turquie à la fin de la même année, et six autres le sont l’année suivante.

C’est un appareil assez simple : un monomoteur bipoutre dont seul le train avant est rentrant, libérant le champ de vision pour la boule optronique. Sa longueur est de 6,5 m pour une envergure de 12 m et une hauteur de 2,2 m. Construite en composites, la structure de sa cellule offre une certaine portance. La motorisation était initialement un moteur à piston Rotax 912 de 100 ch à quatre cylindres, mais le Canada en a interdit l’exportation à sa filiale autrichienne. En attendant un moteur national turc, l’Ukraine a pallié le déficit de propulsion. Il peut atteindre 220 km/h, mais sa vitesse de croisière est de 130 km/h, tandis que son plafond opérationnel est de 8 200 m – ce qui le rend acoustiquement assez discret. Surtout, son endurance maximale est de 27 heures.

L’appareil ne dispose pas d’une liaison par satellite et est uniquement commandé via une liaison Line of sight (LOS), jusqu’à une distance de 300 km. Il est piloté depuis une cabine conteneurisée, climatisée et dotée d’un filtrage NBC, qui accueille trois opérateurs et intègre l’ensemble des systèmes nécessaires au pilotage et au combat. Les antennes de communication du système de liaisons sont montées sur une plate – forme élévatrice. Un système comprend typiquement deux de ces cabines et six drones, pour un coût total, dans le cas du contrat conclu avec la Pologne, d’environ 67 millions de dollars. Un certain nombre d’automatismes aident au pilotage, comme la capacité ATOL (Automatic take-off and landing) de taxi et de parking automatisé. Le vol peut être programmé pour passer par une série de points, mais le drone peut aussi être piloté directement.

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