Magazine Space International

« Notre engagement dans la gestion des crises revêt une importance capitale »

Pouvez-vous fournir des exemples de projets ou d’initiatives ayant eu un impact sur les défis globaux, notamment environnementaux ?

Un exemple est celui du changement climatique, où environ 50% des variables climatiques essentielles (ECV (9)) ne peuvent être mesurées que par satellite, et environ 25% nécessitent l’utilisation combinée de données satellites et d’autres sources. Les satellites, tels que les Sentinels du programme Copernicus, sont essentiels pour analyser les phénomènes tels que l’évolution du climat, la fonte des glaces et l’élévation du niveau de la mer. Sans ces outils, nous ne pourrions ni comprendre, ni mesurer pleinement ces phénomènes. Galileo et les systèmes de positionnement ont aussi leur place par exemple pour l’optimisation des transports.

L’ESA se charge-t-elle de la mise en œuvre des mesures et de la prévention dans ces domaines ?

Ce n’est pas toujours le cas dans le cadre de nos programmes, nous sommes une agence de recherche & développement. Nous avons des programmes de développement d’applications et de services qui impliquent souvent un cofinancement, où nous soutenons les industriels et les entreprises dans le développement de services utilisant des données satellitaires. Ce sont eux qui les mettent ensuite en œuvre. Nous menons également des analyses socio-économiques des bénéfices des programmes, mettant l’accent non seulement sur le développement spatial, mais aussi sur l’utilisation effective des données. Les exemples peuvent être quantitatifs ou qualitatifs, en fournissant des éléments pour mesurer les retombées économiques. C’est compliqué car il y a une multitude d’acteurs qui peuvent bénéficier du spatial mais comment leur faire savoir, leur apprendre…

Effectivement, vous m’aviez présenté à la 16e Conférence européenne de l’espace, Eurisy qui se chargeait de communiquer à ce sujet.

En effet, cependant Eurisy est active de manière ponctuelle car c’est une petite association qui ne peut pas toucher tout le monde. Leur objectif est de permettre aux utilisateurs de se connecter entre eux pour diffuser leurs connaissances. Cependant, il est clair que ce qui existe déjà n’est pas pleinement exploité. Les données d’observation de la Terre téléchargées quotidiennement sont énormes, mais une grande partie reste inexploitée.

Il y a de nombreuses applications de services à développer pour mieux utiliser ces données, comme les outils d’analyse, l’intelligence artificielle et la détection de changements. Par exemple, la traçabilité agroalimentaire pourrait être améliorée pour garantir la qualité des produits, depuis le producteur jusqu’au consommateur. Il est important de soutenir des projets comme “Giga” (10) de l’UNICEF, qui vise à fournir une connexion Internet dans toutes les écoles du monde.

Un défi majeur consiste à concevoir des solutions, des applications et des services adaptés. Certains de ces services seront destinés aux gouvernements, tandis que d’autres seront conçus pour répondre aux besoins spécifiques de certaines populations. Je me souviens avoir entendu parler, il y a quelques années, d’une entreprise ou d’un individu qui avait eu l’idée novatrice de créer des cabines téléphoniques/Internet ou des dispositifs similaires. Ces installations pouvaient être déployées dans des villages en Afrique, en Amérique latine ou ailleurs, offrant un accès limité à Internet et aux télécommunications pour la communauté locale.

Le modèle économique reposait sur l’idée qu’un habitant du village pourrait être employé par la société ou agir en tant qu’entrepreneur indépendant pour vendre des minutes de communication et d’accès à Internet aux habitants. Cela permettait aux résidents d’utiliser ces services uniquement lorsqu’ils en avaient besoin, sans avoir à acheter de téléphone ou de forfait. Ils pouvaient ainsi accéder à Internet pour effectuer des démarches administratives, communiquer avec d’autres personnes, tout en offrant une source de revenus à ceux qui géraient ces dispositifs. Cette approche permettait de fournir des services de télécommunication sans nécessiter l’installation d’un réseau complet, contribuant ainsi à désenclaver les villages et à favoriser leur développement.

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