En parallèle, il y a bien évidemment énormément de coopérations avec les Anglais, notamment au niveau bilatéral avec la France ou l’Allemagne. Elles doivent se développer, et l’Ukraine a d’ailleurs entrainé un certain rapprochement entre le Royaume-Uni et les pays européens. Il est tout à fait possible de trouver des arrangements de défense ad hoc avec les Anglais, sans pour autant leur donner un droit de veto dans les décisions européennes en matière de défense.
Enfin, alors que l’on a assisté lors des dernières élections européennes, mais aussi à l’échelle nationale des États membres, à une montée de l’extrême droite, quid de l’effet de la montée en puissance des nationalismes sur la sécurité européenne ?
C’est une question à la fois très intéressante mais aussi embarrassante. Faire une défense commune, cela signifie in fine éventuellement mourir ensemble. Cela suppose un degré de solidarité important entre les États membres ainsi qu’une dynamique en faveur de l’intégration politique. Or, au regard du résultat des dernières élections européennes, nous assistons plutôt à une dynamique de nationalisme et de souverainisme dans un grand nombre de pays européens. La vraie question est de savoir comment faire une défense européenne commune avec des pays dans lesquels le nationalisme augmente et où donc le sentiment de solidarité intra-européen diminue ? C’est un vrai problème politique, car dans la plupart des pays européens dans lesquels les souverainistes sont forts, ces derniers veulent bien profiter de l’UE en prenant ce qui les arrange, mais refusent de faire un pas de plus vers l’intégration politique que suppose une défense commune.
Ce sont les égoïsmes nationaux qui sont en train de gagner plutôt que les solidarités politiques. Nous sommes donc dans une situation délicate où le contexte extérieur nous oblige à faire de la défense commune et où le contexte politique intérieur la rend très difficile.
Propos recueillis par Thomas Delage le 27 septembre 2024 au Forum mondial Normandie pour la Paix.