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Les programmes de sous-marins d’attaque russes (2000-2024)

En 2024, la Russie poursuit trois programmes de sous-marins d’attaque et en évoque trois autres pour l’avenir. Le premier concerne un Sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) et les deux autres des Sous-marins diesels-électriques (SMD).

Les trois programmes en cours remontent à la période soviétique : le projet de SNA 885M est dérivé du Projet 885 lancé en 1980 ; le projet de SMD 636.3 est la continuation des Projet 636 et Projet 877 remontant à 1974 ; le SMD Projet 677 date de 1987. Il devait succéder au précédent, qui se poursuit toutefois tant que le 677 ne donnera pas pleinement satisfaction. À terme, le Projet 677 devrait évoluer vers un sous-­marin doté d’un système de propulsion anaérobie (AIP).

La Russie a cité deux autres programmes de SNA et un futur programme de SMD AIP. Depuis 2000 et l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, les chantiers russes ont livré à la marine 6 SNA (5 Projet 885 et 1 Projet 971, loué à la marine indienne puis restitué en 2020) et 14 SMD (11 Projet 636.3 et 3 Projet 677), soit 20 sous-­marins d’attaque. Durant la même période, les États-Unis, la France et le Royaume-­Uni admettent en service 31 SNA (respectivement 24, 2 et 5), les autres nations de l’OTAN, 21 SMD (dont 16 AIP), soit 52 sous-­marins d’attaque construits depuis 2000 pour l’Alliance atlantique.

Alliés de Washington en Asie, la Corée du Sud et le Japon admettent respectivement en service 13 et 24 SMD, soit un total de 37 SMD (dont 11 AIP). Depuis 2000, la Chine acquiert 6 SNA et 46 SMD (dont 22 AIP) et l’Inde, 1 SNA et 6 SMD. Si l’on considère le rapport de forces numérique, l’alignement sino-­russe apparaît bénéfique, tant pour Moscou que pour Pékin, qui ont besoin l’un de l’autre face à la supériorité des États-Unis et de leurs alliés : 11 SNA et 60 SMD construits depuis 2000 pour la Russie et la Chine face aux 31 SNA et 58 SMD qui ont rallié les marines américaine et partenaires. Dominant encore le volet technologique des sous-­marins, la Russie s’est limitée à transférer des technologies de 2e et de 3générations à la Chine.

SNA 885 Yasen et 885M Yasen-M

Conçu par le bureau d’études Malakhit de Leningrad à partir de 1980, mis sur cale le 21 décembre 1993, stoppé en 2004 pour permettre des modifications, lancé le 24 juin 2010 et admis au service en 2013, le K‑560 Severodvinsk, Projet 885 (Yasen), combine, dans une coque de près de 9 000 t, les fonctions d’attaque traditionnelle d’un Projet 971 (Shchuka‑B/Akula) avec celles des « tueurs de porte-­avions » des types 949 et 949A (Antei/Oscar I/II), et celles, stratégiques (nucléaires) ou tactiques, des missiles de croisière de frappe terrestre. Intégrant les progrès en discrétion acoustique réalisés sur les 971, le prototype Severodvinsk est doté d’un sonar sphérique Irtych-­Amphora à très hautes performances et d’armes plus nombreuses (54 contre 40) que celles du 971. Les armes sont lancées par 10 tubes lance-torpilles disposés en barbette sur l’avant du massif et par 24 tubes verticaux placés derrière le massif. L’installation de lancement vertical du complexe de tir universel embarqué (UKSK) 3R‑14V comprend deux rangées de quatre puits (chacun de 2 m de diamètre) derrière le kiosque. Ce compartiment missiles ajouté au compartiment torpilles situé à l’arrière de la grande antenne sphérique explique une longueur de 139 m, soit 25,7 m de plus que leurs prédécesseurs de 3e génération, les 971 (113,3 m). Très discret, le 885 doit détruire des cibles terrestres et navales avec ses missiles de croisière Kalibr (Mach 0,9 avec une accélération à Mach 2,9 en phase finale) et Oniks (Mach 2,6), auxquels s’ajoute désormais le Zircon hypersonique (Mach 8 avec une décélération à Mach 5 en phase finale).

Les huit unités suivantes correspondent au Projet 885M ou 08851. Outre l’amélioration des caractéristiques, la version modifiée est réalisée exclusivement par des entreprises russes. Plus petit, le sonar Ajax remplace l’Irtych-­Amphora, avec des antennes de flanc supplémentaires sur toute la coque. Cette modification permet de réduire la longueur du 885M à 130 m. L’armement reste le même. La durée de vie du réacteur nucléaire de 4e génération KTP‑6‑185SP est d’environ 25 à 30 ans, sans renouvellement du combustible. L’utilisation d’un réacteur nucléaire de nouvelle génération doit améliorer la fiabilité du système électrique du navire. Une nouvelle technologie prévoit de disposer le circuit de refroidissement primaire dans la cuve du réacteur, réduisant le risque d’exposition aux radiations pour l’équipage. Un système d’information et de contrôle permet de surveiller le niveau de rayonnement du réacteur et d’alerter en cas de dépassement. Une hélice à faible bruit est préférée à la pompe-­hélice. Le kiosque des Yasen et Yasen‑M ne comporte qu’un seul compartiment amovible de sauvetage, qui peut contenir tout l’équipage, soit 90 personnes pour le Yasen et 64 personnes pour les Yasen‑M. Le Kazan et le Novossibirsk sont admis au service en mai et décembre 2021, suivi par le Krasnoyarsk en décembre 2023, ces deux derniers dans la flotte du Pacifique. Alors que l’Arkhangelsk débute ses essais, quatre autres sont en construction, un autre commandé et deux autres annoncés pour un total de onze 885M (1).

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