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Évoluer pour ne pas disparaître : comment le Tigre s’adapte pour voler jusqu’en 2050

L’écueil est essentiellement financier. Les économies d’échelle qu’aurait générées la rénovation des Tigre UHT de la Bundeswehr ont disparu et ont forcé l’axe franco-­espagnol à revoir le degré d’ambition. Les coûts augmentent à l’heure où la France, malgré une LPM financièrement favorable, se retrouve confrontée à de nouveaux impératifs capacitaires. Aussi l’avenir se détermine-t‑il désormais du côté français « sur l’hypothèse d’une décision concertée avec l’Espagne de réorientation du programme de rénovation à mi-vie du Tigre privilégiant la pérennisation du parc tout en réduisant les ambitions d’améliorations capacitaires ». Exit le standard 3 donc, et même le standard 2+ évoqué après les premiers déboires du Tigre Mk.3. Désormais, les militaires lui préfèrent l’appellation moins chronologique et plus générique de rénovation à mi‑vie.

Pour l’heure, les objectifs de modernisation nationaux n’ont pas évolué et les développements nécessaires se poursuivent. Du côté français, au moins deux inconnues subsistent malgré tout. La fonction missile, d’une part, pourrait faire l’objet d’un remodelage ultérieur. Tant le Mistral 3 que le MHT, intégralement porté par la France, seront potentiellement soumis à de nouveaux arbitrages. Si le développement et l’intégration du MHT continuent, le programme MAST‑F sera lui aussi « réorienté en cohérence avec l’hypothèse » d’une décision concertée avec l’Espagne. Et bien qu’inscrit dans le volet « munitions » de la LPM, le sujet du MHT s’y limite à la réalisation d’une étude quant à l’avenir de son développement. Qu’il s’agisse de ce dernier ou d’un effecteur acquis sur étagère, le Tigre conservera en tout cas « quelque chose qui soit capable de faire de l’antichar avec une bonne charge », explique la STAT. Aucune hypothèse n’est donc écartée, à commencer par une conservation du Hellfire 2.

D’autre part, la cible française demeure incertaine. Si la LPM 2024-2030 maintient un parc à 67 Tigre, seule une première tranche de 14 exemplaires a été confirmée à la notification du contrat. Le compteur reste pour l’instant figé, aucune date n’ayant été fixée pour engager la seconde tranche et parvenir au volume défini il y a deux ans. Reste en outre la question des 25 dernières machines à moderniser pour unifier la flotte. D’après le ministère des Armées, « le calendrier de commandes et de livraisons du Tigre standard 3 sera mis à jour à l’issue des échanges avec l’Espagne et avec l’industrie sur la réorientation du programme décidée par la LPM 2024-2030 ».

Le futur dans le viseur

L’évolution du contexte sécuritaire, les difficultés vécues par les aviations russe et ukrainienne dans les phases initiales du conflit et l’imperméabilité relative des parapluies antiaériens d’un adversaire désormais conventionnel ont alimenté les réflexions conduites en état-­major en vue de l’écriture de la LPM 2024-2030. « La LPM aura été l’occasion pour nous de se reposer la question de la pertinence de l’hélicoptère sur le champ de bataille, avec une vraie analyse à notre niveau », indique-t‑on du côté des spécialistes de la STAT. En ressort la confirmation de la valeur de l’hélicoptère d’attaque dans les opérations d’aujourd’hui et de demain, qu’elles s’inscrivent ou non dans le cadre d’un engagement majeur. « La question de l’hélicoptère reste pertinente. En revanche, c’est un outil onéreux qui gagnera en pertinence en étant plus évolutif sans nécessairement passer par de gros chantiers récurrents », complète la STAT.

Non seulement le drone ne remplacera pas l’hélicoptère, estime l’armée de Terre, mais les deux plateformes ont vocation à se compléter. L’hélicoptère est un appareil qui peut porter une charge importante et aller loin, ce qu’un drone ne peut réaliser actuellement. Le drone renforce quant à lui le potentiel des engins habités par son allonge supérieure aux effecteurs embarqués, par sa capacité à éclairer et à identifier des cibles en amont, à protéger en servant de leurre ou encore à servir de relais de communication. Ce lien entre le Tigre et le drone, la rénovation à mi-vie en pose les bases grâce à la solution µTMA produite par Thales. Les deux boîtiers présents sur le Tigre permettront d’interagir avec le missile air-sol et d’assurer une liaison vidéo avec les drones pour faciliter le combat collaboratif.

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