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L’influence américaine en France ou l’art de cacher dans la lumière

« Dissimule tes secrets en évidence afin qu’on ne les perce pas à jour. Ce qui est familier n’attire pas l’attention. Abusé par la lumière, l’adversaire sonde l’ombre en vain. » Cette pensée chinoise renvoie au premier des 36 stratagèmes : cacher dans la lumière. Maîtres en influence, les États-Unis d’Amérique ont parfaitement mis en œuvre ce stratagème pour devenir la première puissance mondiale et pour désormais tenter de contenir l’empire ennemi — « le rival systémique » comme le nomme l’Union européenne. Pour l’Oncle Sam, la France fait encore partie de l’échiquier. Mais comme fou, comme cavalier, comme tour… ou comme simple pion ?

Notes

*Nicolas Moinet intervient également à l’ILERI, à l’École de guerre économique et à l’IHEDN. Il est l’auteur de nombreux ouvrages ou articles, dont un essai sur l’esprit commando coécrit avec Raphaël Chauvancy, Agir ou Subir ?  (Dunod, 2022), et Les Sentiers de la guerre économique : 2. « Soft powers » (VA éditions, 2020).

(1) Régis Debray, Civilisation. Comment nous sommes devenus américains, Gallimard, 2017.

(2) Ali Laïdi, Le Droit, nouvelle arme de guerre économique, Actes Sud, 2019.

(3) Lire le témoignage de Frédéric Pierucci (avec Matthieu Aron), Le Piège américain, JC Lattès, 2019.

(4) Frédéric Charillon, Guerres d’influence : Les États à la conquête des esprits, Odile Jacob, 2022, p. 41-42.

(5) Éric Branca, L’Ami américain : Washington contre de Gaulle, 1940-1969, Perrin, 2017.

(6) AMGOT : Allied military government of occupied territories.

(7) Maud Quessard, Stratégies d’influence et guerres de l’information : propagande et diplomatie publique des États-Unis depuis la guerre froide, Presses Universitaires de Rennes, 2019.

(8) Philippe Baumard, Le Vide stratégique, CNRS éditions, 2010.

(9) Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, tome 2, De Fallois/Fayard, 1997, p. 76.

(10) Christian Harbulot, Sabordage : comment la France détruit sa puissance, François Bourin, 2014.

(11) Voir le site de la Fondation Français-Américains (www​.french​-american​.org).

(12) Christian Harbulot, « La guerre économique systémique », Cahiers de la guerre économique, EGE, 2020.

(13) Claude Revel, La France : un pays sous influences ?, Vuibert, 2012, p. 132.

(14) Voir le site du Cercle Jefferson (www​.cerclejefferson​.org).

(15) Erwan Seznec, « Comment les États-Unis infiltrent nos banlieues », Marianne, n° 1138 du 4 au 10 janvier 2019, p. 8-17.

(16) Alice Raybaud, « L’Académie des futurs leaders, les Investies… Des “écoles” pour faire émerger une nouvelle génération d’élus », Le Monde Campus, 31 mai 2022 (https://​bit​.ly/​3​z​G​e​BJh).

(17) Voir le site de l’Académie des futurs leaders (www​.academiedesfutursleaders​.com).

(18) Claude Hagège, Le Français, histoire d’un combat, Michel Hagège, 1996.

(19) Lire à ce sujet l’analyse d’Alain Juillet, « Réflexions sur Global Trends 2030 – Alternatives worlds », Géoéconomie, n° 65, 2013/2.

(20) Stéphane Taillat, « Compétition, contestation, affrontement », DSI, n° 158, mars-avril 2022, p. 102-103.

Légende de la photo en première page : Le 29 octobre 2021, le président américain Joe Biden rencontre son homologue français Emmanuel Macron à Rome à l’occasion du G20. En marge de ce sommet, les deux dirigeants se sont retrouvés en tête-à-tête pour la première fois depuis l’affaire des sous-marins australiens qui a vu la France perdre un contrat de 56 milliards d’euros. Sans s’excuser et en s’autorisant une heure trente de retard, Joe Biden a néanmoins reconnu un « manque d’élégance » et une manière de faire « maladroite » à l’égard du « plus vieil allié des États-Unis… grâce auquel nous existons ». Malgré ces mots doux, l’affaire AUKUS illustre l’importance de l’influence américaine aux dépens de ses propres alliés. (© White House/Erin Scott)

Article paru dans la revue Diplomatie n°116, « La France en Afrique : fin de partie ? », Juillet-Août 2022.

À propos de l'auteur

Nicolas Moinet

Praticien-chercheur en intelligence économique, professeur des universités à l’Institut d’administration des entreprises de Poitiers, cofondateur de l’École de pensée sur la guerre économique (EPGE) et chercheur associé au Centre de recherche 451 de l’École de guerre économique.

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