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L’Ukraine à la porte de l’UE ?

La Révolution orange de 2004 a constitué un véritable tournant des relations de Kyiv avec Bruxelles et Moscou. Depuis l’invasion de février 2022, l’Ukraine se trouve à la croisée des chemins : la décision d’une intégration à l’Union européenne n’a jamais été aussi claire, mais les difficultés pour y arriver ont considérablement augmenté depuis un an.

La coopération de l’Ukraine avec l’Union européenne (UE) a commencé dès 1998, suite à la ratification d’un accord de partenariat et de coopération. Durant les six années qui ont suivi, l’alliance avec l’UE n’a été qu’une succession de consultations juridiques et de démarches administratives consistant à traduire les très nombreux articles de l’acquis communautaire de l’UE.

La Révolution orange de 2004 a constitué un véritable tournant géopolitique pour les relations entre l’Ukraine et l’UE. Kyiv décida ainsi de faire pivoter sa politique étrangère du traditionnel équilibre « multivectoriel » entre la Russie et l’Occident vers un nouveau but : rejoindre l’UE. En parallèle, le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, Javier Solana, signalait que l’UE était prête à aller au-delà de la politique européenne de voisinage vis-à-vis de l’Ukraine. Il proposa ainsi un plan d’action en 10 points pour le pays, qui préparait le terrain pour la libéralisation des visas et pour un accord politique et commercial global avec l’UE. C’est ainsi que commença l’élaboration de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE. Ce dernier devait remplacer l’accord de partenariat et de coopération trop général, et accorder à l’Ukraine le statut de l’un des six partenaires orientaux de l’UE dans le cadre de l’initiative du partenariat oriental.

Le long chemin de l’Ukraine vers l’adhésion

Mais la défaite politique des forces pro-européennes en 2009 et la mise en place du régime de Viktor Ianoukovitch ont freiné ce changement de cap, ramenant l’Ukraine vers la Russie. Malgré la poursuite de la coopération formelle et technique avec l’UE, le refus « à la dernière minute » du président ukrainien de signer l’accord d’association avec l’UE à Vilnius, en faveur de l’union douanière dirigée par la Russie, a débouché sur les manifestations de Maïdan, qui ont déclenché la Révolution de la dignité de 2013-2014.

La victoire des forces pro-européennes, qui a abouti à la ratification de l’accord d’association avec l’UE, a entraîné l’attaque militaire vengeresse de Moscou contre la souveraineté ukrainienne en 2014. L’UE a alors adopté une position de « non-interférence et de neutralité » vis-à-vis de l’annexion de la Crimée et de l’incursion par la Russie dans le Donbass. En 2016, une clause politique a dû être ajoutée à l’accord d’association, conditionnant l’adhésion de l’Ukraine à l’UE au respect des obligations de l’accord remplies. Au lieu de cela, l’Ukraine s’est vu offrir des droits de douane préférentiels dans ses échanges avec l’UE, un plan de voyages sans visa vers l’UE et un « devoir » de réformes politiques et sectorielles, qui devaient faciliter progressivement l’accès à l’Ukraine au marché européen. Les exemples de l’intégration du marché concernent les produits industriels et agroalimentaires, l’alignement des pratiques douanières et l’intégration des secteurs entiers, du gaz naturel aux services numériques.

Jusqu’au 24 février 2022, les progrès de l’Ukraine étaient mitigés. Mais l’invasion par la Russie donna une immense impulsion à ce processus, au prix de nombreuses vies humaines. C’est alors qu’en juin, l’UE a pris la décision de reconnaître l’Ukraine comme pays candidat à l’UE, en ouvrant un tout nouveau chapitre de l’intégration.

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