Malgré les récentes mesures entreprises qui ont permis d’engager l’État et les collectivités dans une trajectoire plus ambitieuse devant permettre à terme de faire de la France la nation leader de l’éolien offshore d’ici 2050, la récente dissolution de l’Assemblée nationale a rebattu les cartes. Les filières se retrouvent confrontées à des risques de sécurité juridique et d’absence de visibilité qui pourraient s’avérer préjudiciables pour leurs investissements, les procédures étant placées en stand-by en attendant l’avènement d’un nouveau gouvernement dont les marges d’action sont nombreuses dans le domaine.
Enfin, les besoins de financement de l’économie bleue française sont également prégnants. La décarbonation, les infrastructures et les technologies maritimes innovantes mobilisent en effet des ressources financières plus importantes par rapport aux moteurs gazoles traditionnels. Divers projets enclenchés conjointement par l’État et des acteurs privés constituent des solutions novatrices qui doivent permettre de soutenir les mutations du monde maritime, des petits navires de pêche aux grandes installations portuaires. Plus largement, l’engagement de l’écosystème maritime dans une démarche stratégique doit permettre d’assurer une visibilité de moyen et long terme et de mobiliser, en lien avec les banques et les assurances, des capacités d’investissements publiques et privées pérennes.
La France a pris le tournant de la maritimisation, qui a conduit à faire de la mer un objet politique central, dans lequel l’économie bleue assure un rôle pivot, vecteur de développement et de souveraineté. Les crises actuelles, qu’elles soient militaires, économiques ou environnementales, mettent en lumière la nécessité d’une flotte stratégique capable d’assurer les intérêts vitaux du pays. C’est en renforçant ses capacités maritimes tout en développant ses filières historiques et émergentes que la France pourra faire face aux défis contemporains de l’économie maritime.
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Notes
(1) Chiffres 2023 de l’économie bleue française, Cluster Maritime Français.
(2) Observatoire des énergies de la mer, « La construction des premiers parcs éoliens en mer bat son plein », rapport n°8, juin 2024 (https://merenergies.fr/la-construction-des-premiers-parcs-eoliens-en-mer-bat-son-plein-2/).
(3) CMF, « Index French Blue Tech : lancement du 1er index des startups maritimes françaises », recensant les 35 start-up du maritime les plus prometteuses, 19 décembre 2023 (https://www.cluster-maritime.fr/2023/12/19/index-french-blue-tech-lancement-du-1er-index-des-startups-maritimes-francaises/).
(4) Voir le site du Maritime Information Cooperation & Awareness Center :
https://www.mica-center.org/.
(5) Sénat, « Commission d’enquête sur l’impact du narcotrafic en France et les mesures à prendre pour y remédier », 14 mai 2024 (https://rebrand.ly/gij4wn7).
(6) Ifremer, Système d’informations halieutiques (SIH), « Synthèse de la flotte : France métropolitaine », 2020 (https://archimer.ifremer.fr/doc/00746/85801/).
(7) Observatoire prospectif des métiers et des qualifications de la pêche, « Rapport national 2021 », décembre 2022 (https://www.ocapiat.fr/wp-content/uploads/RAPPORT-2021-PÊCHE-VD.pdf).
(8) Conseil d’État, décisions n°449788, 449849, 453700, 459153, lecture du 20 mars 2023 et n°489926, 489932, 489949, ordonnance du 22 décembre 2023.
(9) SEA Europe, « Setting sail to build in Europe 10,000 sustainable and digitalised vessels by 2035 », avril 2024 (rebrand.ly/oxchs4e).
Légende de la photo en première page : Créé en 1517 par François Ier, le port du Havre (ici en photo) est aujourd’hui le premier port français pour le trafic conteneurisé. Alors que les ports français cherchent à gagner en parts de marché, l’attractivité de ces derniers a été remise en question en septembre 2024 suite à l’annonce des grands armateurs Maersk et Hapag Lloyd — respectivement numéros deux et cinq mondiaux — qu’ils ne les desserviront plus directement à partir de février 2025, en raison de la nouvelle alliance « Gemini Cooperation » entre les deux flottes. Le Havre demeurera néanmoins la première escale française du français CMA-CGM, et doit bénéficier de 1 milliard d’euros d’investissement du numéro un mondial MSC, qui souhaite y tripler sa capacité de traitement de conteneurs. (© Port de France)