Magazine DSI

Guerre en Ukraine : un an après

Enfin, l’observation des acteurs gouvernementaux russes et de leurs proxies permet d’envisager les conditions de la conduite de cyberopérations en phase d’affrontement. Deux défis principaux sont à souligner. En premier lieu, le maintien d’un rythme opérationnel soutenu dans un domaine où le cycle de planification est long et où la conduite est sensible aux facteurs d’opportunités. Les capacités organisationnelles, opérationnelles, techniques et humaines nécessaires représentent sans doute un volume important (11). En second lieu, il s’agit de dépasser les logiques du renseignement pour produire des effets, ce qui demande une capacité d’adaptation bureaucratique et risque de créer de la friction entre les différents « métiers » du cyber.

Notes

(1) France Culture, « Comprendre la guerre en Ukraine », Esprit de justice, 25 janvier 2023.

(2) Voir notamment Andy Greenbert, Sandworm: A New Era of Cyberwar and the Hunt for the Kremlin’s Most Dangerous Hackers, Doubleday, New York, 2019 ; Lennart Maschmeyer, « The Subversive Trilemma: Why Cyber Operations Fall Short of Expectations », International Security, vol. 46, no 2, 2021, p. 51‑90.

(3) Alexis Rapin, « Invisible, impotent ou immature ? Premières leçons de l’usage du cyber en Ukraine », https://​lerubicon​.org, 22 septembre 2022 ; Shashank Joshi, « Lessons from Russia’s cyber-war in Ukraine », www​.economist​.com, 30 novembre 2022 ; Derek B. Johnson, « The Russia-Ukraine war has some rethinking the role of offensive cyber operations in armed conflict », www​.scmagazine​.com, 9 janvier 2023.

(4) Ainsi, Jon Bateman présente une liste de 25 facteurs ayant contribué à inhiber l’efficacité des cyberopérations russes : « Russia’s Wartime Cyber Operations in Ukraine: Military Impacts, Influences, and Implications », Cyber Conflict in the Russia-Ukraine War, Carnegie Endowment for International Peace, 16 décembre 2022.

(5) Pour suivre les opérations numériques en Ukraine, voir les rapports de Microsoft (avril et juin 2022), ceux du Cyber Peace Institute (notamment « Cyber Dimensions of the Armed Conflict in Ukraine », Quarterly Analysis Report Q3 July to September 2022) ou encore les mises à jour régulières du programme Cyber Vault des National Security Archives de la George Washington University (https://​nsarchive​.gwu​.edu/​d​o​c​u​m​e​n​t​/​2​9​5​6​2​-​c​y​b​e​r​-​v​a​u​l​t​-​u​k​r​a​i​n​e​-​t​i​m​e​l​ine).

(6) Stephanie Pell, « Private-Sector Cyber Defense in Armed Conflict », www​.lawfareblog​.com, 1er décembre 2022 ; Preston Gralla, « How Microsoft is helping Ukraine’s cyberwar against Russia », www​.computerworld​.com, 24 janvier 2023.

(7) Cyber National Mission Force Public Affairs, « Before the Invasion: Hunt Forward Operations in Ukraine », Cyber Command, 28 novembre 2022.

(8) Nick Beecroft, « Evaluating the International Support to Ukrainian Cyber Defense », Cyber Conflict in the Russia-Ukraine War, Carnegie Endowment for International Peace, 3 novembre 2022 ; Dina Temple-Raston, « Rounding up a cyber posse for Ukraine », https://​therecord​.media, 18 novembre 2022.

(9) Voir par exemple Clint Watts, « Preparing for a Russian cyber offensive against Ukraine this winter », https://​blogs​.microsoft​.com/​o​n​-​t​h​e​-​i​s​s​ues, 3 décembre 2022.

(10) Gavin Wilde, « Cyber Operations in Ukraine: Russia’s Unmet Expectations », Cyber Conflict in the Russia-Ukraine War, Carnegie Endowment for International Peace, 12 décembre 2022.

(11) Sur les capacités, Max Smeets, No Shortcuts: Why States Struggle to Develop a Military Cyber-Force, Hurst, Londres, 2022.

Légende de la photo en première page : L’ampleur exacte des opérations cyber durant cette première année de guerre reste à découvrir. (© Vladlemm/Shutterstock)

Pour aller plus loin...
Article paru dans la revue DSI n°164, « Guerre en Ukraine : l’enjeu du ciel », Mars-Avril 2023.

À propos de l'auteur

Stéphane Taillat

Maître de conférences à l’université Paris-VIII détaché aux Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan, chercheur au Centre de géopolitique de la datasphère (GEODE) et au pôle « mutations des conflits » du Centre de recherche des Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan (CREC).

0
Votre panier